SGA.JeanneSauve.FemmeD'excellence

 

Bonjour à tous, chers Griffonautes

 

Je vous propose aujourd'hui la biographie d'une femme d'exception, celle dont la vie a été une poursuite de l'excellence; Jeanne Sauvé, née Jeanne Benoit, le 26 avril 1922 en l'ouest canadien, mais élevé à Ottawa et dans les environs de la capitale. C'est rare que je résume la vie d'une personne ayant fait carrière sur la scène politique, par manque d'intérêt ou plutôt pensant ça : ça en vaut tu la peine???

Or il y a des exceptions. Jeanne Sauvé est pour moi une personne ayant eu une vie riche de défis et de rebondissements tout en ayant été utile pour les communautés du pays. Gardez bien ça en tête, j'ai compressé la vie d'une personne ayant vécu plus de soixante-dix ans en moins de six pages. Ouf! pas facile, à partir d'un livre de 269 pages… ^V^

 

Celle-ci a réussi l'exploit de concilier une vie privée heureuse (mariage, enfants et amies loyaux) avec une vie publique fructueuse et utile (carrière). Cela en soi justifie à mes yeux un bref survol du parcours de Sa vie. Je ne chercherais pas à vous dévoiler de grands secrets sur la réussite, plutôt simplement exposé sa vie et à chacun d'y voir ce qui l'interpelle.1

 

~ ~ TERREAUX FERTILES~ ~

 

  • Une jeunesse heureuse et l'opportunité d'avoir eu des modèles inspirants, lesquelles ont forgé non seulement son caractère, mais aussi sa destinée; sa grand-mère & son père :

 

« Jeanne subissait la forte influence de sa grand-mère maternelle, Théodosie Vaillant. C'était une toute petite femme, à l'énergie indomptable, d'humour espiègle. »

 

« Jeanne accompagna sa grand-mère à une assemblée politique organisée dans la salle paroissiale, face à l'église. Cette rencontre fort animée-la première à laquelle il lui fut donné d'assister — lui procura un vif plaisir. »

« À la table familiale, le père discutait avec eux de politique et d'actualité; les traitant en adultes, il renforçait chez eux le sens des responsabilités… un jour, on visita les édifices du parlement (à Ottawa), Charles (le père) y signala la présence d'Agnes Macphail, qui avait été la première femme à se faire élire à la chambre. S'adressant à Jeanne, il lui dit qu'elle pourrait très bien en faire un jour autant. Jeanne trouva l'idée complètement farfelue… »

 

  • Elle a reçu aussi ce que j'estime super-important pour n'importe quel enfant : l'expérience de goûter souvent au côté léger de la vie; ce cadeau; juste être et avoir du bon temps :

 

« Mais rien de valait les plaisirs de la grange. Contre toute permission, on montait haut, très haut dans les poutres du toit, pour se jeter dans le foin. Après quelques minutes de ce jeu, vous aviez la chevelure et les vêtements pleins de paille, et la poussière vous montait au nez; mais quel plaisir. »

 

  • Jeanne a eu aussi très tôt en sa vie, diverses occasions d'exercées un rôle de cheffe : son don ayant été reconnu, exercé et encouragé :

« Au couvent, Jeanne, année après année, était toujours à la tête de sa classe. Elle était aimée de ses compagnes, tout comme des religieuses. Cela tenait en particulier à son sens de l'équipe, une compagne éprouvait-elle des difficultés à faire des devoirs? Jeanne aussitôt lui portait secours. »

 

« À ses qualités de chef lors de son travail chez J.É.C( jeunesse étudiante catholique), s'ajoutait chez elle une bonne connaissance de l'anglais parlé, chose rare au sein de ce mouvement majoritairement francophone. (début des années 1940; elle avait 20 ans) en page 35-38/39-40/36/40-43

 

1Toutes mes citations viennent, sauf indication contraire du livre « Une femme au sommet », par Shirley E. Woods, aux éditions de l'Homme, division de Sogides 1986

~ ~ QUATRE ANNÉES CRUCIALES EN EUROPE~ ~

 

  • Elle est partie pour accompagner son conjoint (1948), lequel y poursuivit des études durant deux ans. Cette époque fut pour le couple, une ou leurs ressources financières étaient très limités, mais ils aimèrent leurs séjours. En l'été 1950, ils déménagèrent à Paris. Là, Jeanne reçut son premier poste officiel pour un organisme prestigieux l'UNESCO :

 

Celui d'adjointe au directeur du Secrétariat pour la jeunesse au sein de l'Organisation des Nations unies. Le salaire, véritable fortune à cette époque, était de 5 000 dollars américains. Jeanne devenait ainsi le principal soutien financier du couple.” en page 73

 

  • Plus tard cependant, Jeanne alla étudier à la Sorbonne, alors que son mari finalisait ses études. Ce fut à nouveau une période précaire financièrement, pourtant :

 

Malgré leur instabilité financière, ils étaient follement heureux. D'Iberville Fortier, qui les voyait souvent à Paris, disait récemment :

— J'ai rarement connu couple aussi uni. De toute évidence, leur amour leur est une force et un soutien.” en page 73 & 76

 

~ ~ ÉMERGENCE PUBLIQUE : APRÈS SON RETOUR D'EUROPE ~ ~

 

  • Celle-ci désapprouve les critiques contre les anglophones, attitude qui sera déterminante en sa carrière avec une notion marquée vers des vues impartiales. Grâce à sa vive intelligence et à sa capacité à décortiquer des issues complexes, afin de les résumer en une vue articulée et lucide, dont elle se fait dès lors porte-parole. Cette attitude deviendra une constante, tant en sa vie privée et publique.

 

La plupart des jeunes gens de la J.É.C ne cachaient pas leur aversion pour les anglophones. Leur attitude choquait Jeanne, qui dit un jour à une bénévole :

— Que veux-tu? J'ai été élevé comme ça. À mes yeux, les anglais ne sont pas nos ennemis, ils sont une partie de nous-mêmes.” en Page 47

 

  • L'opinion de Maurice Sauvé (son partenaire de vie), lequel était à l'avant-garde sur le rôle de la femme en un couple et en la vie sociétale, en ces mots : “Maurice l'estimait, comme il disait : brillante, autonome, pas intéressée à se faire la servante d'un mari, et désireuse de faire elle-même carrière.” en page 64

 

  • Via les antennes de la radio ; Après due considération après retour de France, compte tenu de ses obligations conjugales et diverses, elle opta pour le travail contractuel :

 

Jeanne cependant avait bien des cordes à son arc : douée pour la parole et l'écriture, elle avait de plus le sens de l'organisation, manifestait beaucoup d'entregent et adorait communiquer avec un auditoire… elle décida de travailler à la pige dans le domaine de la radio.” en page 119

 

  • Sur les scènes télédiffusées; on remarqua son don de combiné des conversations sur un sujet avec une ambiance conviviale, détendue, M. Doré, directeur d'une émission se plaisait à la vanter :

Je loue l'image d'intelligence et de responsabilité qu'elle projetait… sa compréhension des problèmes de l'adolescence lui permettait avec ses jeunes invités un rapport privilégié.” p.124

 

En 1956, ‘Jeanne faisait aussi de la radio dans les deux langues. Elle était de plus en plus attirée par la politique et les affaires publiques — deux chasses gardées masculines dans le monde de la radiotélévision.’ en page 124

 

~ ~ TROIS ATOUTS POUR DIRIGER ~ ~

 

  • La force qu'elle incarnait à bien communiquer partout; en page 207-208 :

J'ai toujours eu la conviction que la femme pouvait concilier carrière et famille; jamais je n'ai accepté de voir toute la vie des femmes conditionnées par l'appartenance à leur sexe… la vraie libération de la femme passe non par le rejet de l'homme, mais par la libération de celui-ci.

 

Il nous faut conclure avec les hommes une nouvelle alliance, les convaincre que l'enjeu est aussi le leur, qu'ils peuvent partager leurs responsabilités avec les femmes et profiter de la libération de celles-ci.’

 

  • Un esprit de synthèse utile et remarqué en ses divers emplois et diverses situations; par exemple durant son passage au ministère des Sciences et communication (décades 1960), on a commenté son apport :

 

‘— Elle saisissait très vite un grand nombre de problèmes complexes. Nous n'avons pas été longs à nous situer sur la même longueur d'onde. Cette aptitude à saisir et à retenir une information complexe remplissait d'étonnement son personnel, composé pour une large part de professionnels bardés de diplômes. En page 150

 

  • Une cheffe aimante, mais rigoureuse : deux exemples (en page 172 et 168)

 

Certes, Jeanne n'a rien d'une militante féministe — n'a-t-elle pas dit et répété qu'elle ne voyait pas à quoi il lui servirait d'envoyer en l'air son soutien-gorge? cela dit, elle a défendu avec acharnement le droit des femmes’

  • Monsieur Ostry (ministre adjoint de J. Sauvé à l'époque, années 1960) :

‘— De tous les ministres que j'ai connus, c'est elle qui tenait le mieux en main son ministère. Elle le connaissait à fond et le dirigeait de façon tout à fait démocratique… elle suscitait la loyauté des employés par le respect même qu'elle leur portait et les égards qu'elle avait pour eux. Elle était dure, oui.

 

Mais tant que vous obteniez des résultats intéressants, elle vous laissait une bonne marge de manœuvre. On se serait fendue en quatre pour elle.’

~ ~ PREMIÈRE FEMME COMME GOUVERNEUR GÉNÉRAL ~ ~

 

  • Le 23 décembre 1983 : on lui offre le poste d'autorité le plus prestigieux jamais offert à une Canadienne; selon les dires de Charles Lynch, chroniqueur (page 212) :

Dans la personne de Jeanne Sauvé, nouveau gouverneur général, c'est un merveilleux cadeau de Noël que Pierre Trudeau à fait à la nation’

 

  • Or Stewart MacLeod, du Guardian & Patriot de Charlottetown mets l'éloge envers elle à un point plus élevé (p.213) :

Certes les regroupements de femmes ont chaleureusement salué dans la nomination de Madame Sauvé une percée féministe… plus on réfléchit à cette affaire, plus on est convaincu qu'il n'y avait tout simplement pas de meilleur candidat, homme ou femme, dans tout le pays.’

 

  • Cependant, dans les semaines précédents ses débuts comme G — général; Jeanne a été gravement malade (hiver 1984, en page 216). Je souligne aussi le soutien de milliers de gens qui lui ont démontré affections et soutiens, d'une façon ou d'une autre :

 

«...Je prie pour vous chaque jour (un homme du personnel médical ou elle fut hospitalisée), c'était un des milliers de Canadiens, qui priaient pour sa guérison. Pendant la maladie de Jeanne, ce fut, aux bureaux de celle-ci, une avalanche de lettres, de son côté, l'Hôpital général d'Ottawa recevait par milliers : appels, lettres, cartes et fleurs, de la part des admirateurs de Jeanne. La moitié de ce courrier provenait de la province de Québec.’

 

  • Pour faire court; quels sont les devoirs d'un Gouverneur général ?? (en page 225-226) :

 

À titre de représentante de la reine, Madame Sauvé exerce certains devoirs : les uns protocolaires, d'autres constitutionnels et d'autres enfin d'ordre mondain. Elle est gardienne de la constitution canadienne, de ce fait participe au pouvoir exécutif du gouvernement comme à son pouvoir législatif.’

 

  • En des situations extrêmes et rares, mais possibles; son pouvoir s'étendrait jusqu'à ceci :

Si la Chambre des communes se trouve enfermée dans une impasse qui paralyse toute action, le gouverneur général a le pouvoir de démettre le premier ministre, de dissoudre le Parlement et de convoquer une élection… (comme ce fut presque le cas durant la guerre de cloches, en 1982)’

 

  • Mon dernier Point est de montrer que malgré son rang élevé, elle a retenu une capacité à être vulnérable et en une occasion, elle a été émue fortement par les paroles d'un enfant; (page265) :

Il est aussi un autre souvenir qu'elle conserve précieusement; celui d'une conversation qu'elle eut un jour à Edmonton avec un garçon de cinq ans… elle lui avait demandé :

— Sais-tu qui je suis?

— Oui. Vous êtes le gouverneur général.

— Et qu'est ce que fait un gouverneur général?

 

— Il travaille pour les Canadiens.’

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 Il y a aussi la reprise du classique de Pierre Bordage «Les guerriers du Silence»; cycle 1 seulement que j’ai lu, laquelle a été remouler à la manière de P. Ogaki pour faire une série de quatre tomes. Hélas, le rythme est à mon avis trop rapide, mais comme l’œuvre de Bordage contenait plus de 1800 pages… y’a pas le choix de défilé à vitesse… grand V. Un formidable effort de synthèse a été fait, je l’accorde.

Le seul point un peu faible est qu’on a surexploité les séquences d’actions, à la mode hollywoodienne, alors qu’à mon avis, les auteurs auraient pu rehausser via les dialogues le côté résolument philosophique du roman; ce qui m’a frappé entre autres est ces deux points à :

 

  • Des dérives d’une religion totalitaire associée à un régime politique mégalomane et assoiffé tellement de contraindre les divergents; ça ressemble étrangement au style de pensée unique que les médias et gouvernements nous proposent depuis le début de la crise du Covid-19 de la depuis mars 2020…

  • Secundo, du rôle important que peut jouer une personne ordinaire, en l’occurrence Tixy Otty, héros majeur des «Guerriers du Silence1», homme à la vie morne, qui noie son ennui dans l’alcool, l’indifférence à soi-même et aux autres, se complaisant en une existence médiocre. Celui-ci devient graduellement un héros extraordinaire, pas dû à ces mérites seuls, mais surtout en s’entourant d’une équipe avec lui, et grâce à l’appui de sa partenaire de vie.

 

Bref, que vous lisiez le roman ou les BD, chaque version d’un ou des récits vous apportera de beaux moments de plaisir et de réflexion.

 

 

 

Cordialement, El Griffon