SGE.CO.Pierre&leSabre

SGE.CO.Pierre&leSabre

 

Bonjour chers Griffonautes,

 

Pour finir l'été en beauté, je vais survoler en deux coups de plumes, cette œuvre japonaise du maître à suspense Eiji Yoshikawa « La Pierre et le sabre », lu par 120 millions de lecteurs, rien qu'au Japon et c'est mérité parce que ce roman historique est comme disent les Anglais un « Page turner ». Le livre se base sur Myamoto Musashi, personnage historique ayant vécu au 17e siècle. Celui-ci, « jeune coq prétentieux », qui irritait les autres par son orgueil et un maniement fougueux de l'épée.

Cette fiction super bien écrite, je la classe parmi mon « top 5 personnel » de tous mes romans lus, et croyez-moi après 40 ans de lecture… j'en ai lu des quantités industrielles d'histoires; ici-bas l'avis d'un traducteur, suivre le lien, de Léo Dilé, 07/06/2000 :


« Q
ui était Musashi ? À vingt ans, un jeune homme insupportable, véritable petit coq de combat, qui ne rêvait que d'en découdre et pour qui le maniement du sabre était un but en soi. Puis il croisa un maître, un moine, et sa vie en fut transformée. Non qu'il cessât de parfaire sa science des armes, de parcourir les routes, poursuivi par tous ceux que son audace, sa diabolique habileté, son incroyable sang-froid rendaient fous de rage. Mais cette vaillance, il avait compris qu'elle n'était qu'un moyen de parvenir à la sagesse, de dominer les forces du mal. Avec pour alliée et amante, toujours présente et discrète, la douce Otsù, qui l'exalte, le réconforte… et l'empêche de tomber dans les pièges que d'autres femmes ne cessent de lui tendre.

Histoire de cape et d'épée, d'amour et d'aventures, La pierre et le sabre est aussi un authentique témoignage sur la vie des Japonais au XVIIe siècle : les samouraïs bien sûr, cette aristocratie militaire, et surtout le petit peuple — marchands, artisans, paysans, moines guerriers — truculent, paillard, rusé, mais aussi étonnamment instruit, sensible à l'art et à la poésie. »

 

Le récit se compose de sept livres, j'en décortique quatre aujourd'hui et la semaine prochaine, le reste.

  • Livre de la TERRE; un quatuor de voix majeures —

 

  • Takezo: Personnage clef qui deviendra Musashi plus tard; il est le fils d'un Samurai, père cruel et exigeant. Il vit une enfance marquée par l'indiscipline et les mauvais coups qui le rendent impopulaire en son village. Le chapitre un débute sur un champ de bataille.

 

  • Osugi : Celle-ci sera l'ennemie acharnée de Musashi, elle le pourchassera sans cesse dans le pays pour sauver l'honneur de sa famille. Elle représente le genre de femmes acariâtre, qui veut tout gérer. Son caractère est : dominatrice, bornée, intraitable et persistante à l'extrême, elle est tellement imbue de l'honneur familial que ça l'en devient burlesque, ridicule ou juste démesuré.

 

  • Takuan : autre personnage important, quoiqu’absent des longs bouts dans le récit. Il est d'habitude modéré, et parfois très provocateur, habile stratège et aussi excellent communicateur. Il sera le catalyseur de changements énorme chez Takezo/Musashi. Toutefois, il manque ses interventions auprès de l'agent féminin à cause de ses préjugés et de son manque d'écoute. Il est un sage, mais avec « des angles morts » avec les femmes et ailleurs.

 

  • Otsu : La belle au cœur limpide. Elle vient du même village que Takezo, elle sera séparée de son fiancé, puis s'ensuivra une langoureuse histoire d'amour avec Musashi. D'une loyauté à toute épreuve, elle sera au cours des ans, un instrument pour aider Musashi à maturer comme homme et comme guerrier.

 

  • En page147; un événement majeur arrive : Takezo après une longue incarcération atteint ce point critique ou il décide de donner une nouvelle orientation à sa vie; une sorte de renaissance lui arrive puis il adopte un nouveau nom :

 

« Mais maintenant qu'il part tout seul, né de nouveau selon ta formule, il lui faudrait un nouveau nom. Que ce soit Miyamoto, de sorte qu'il n'oublie jamais son lieu de naissance. Désormais Takezo, tu t'appelleras Miyamoto »

 

– Livre L'EAU, quatre faits marquants de ce livre —

 

  • Les premiers faits d'armes de Musashi. Il va lancer des défis aux élèves de l'école Yoshioka et à d'autres opposants sur sa route.

 

  • La longue errance à caractère double du héros; intérieur et extérieur. Alors que le jeune guerrier explore et vagabonde l'archipel Nippon, il devra affronté divers périls. Il vit des moments doux comme aventurier, il se met en tête de se perfectionner en la voie du détachement; c'est à dire faire face à ses défauts de caractère, apprendre à valoriser les beautés qui l'entourent et devenir aussi, presque malgré lui un mentor pour un élève, il va lui transmettre le savoir de « La voie du samouraï » : l'art du combat, la maîtrise de soi et développement du côté altruisme de l'élève tout en forgeant le sien.

 

  • Le côté poétique et habile description du romancier : J'ai été impressionné par la façon dont l'auteur raconte une anecdote basée sur une simple fleur, pour nous dire d'une façon imagée le degré de discernement de Musashi; en page 284-285 :

 

« Elle exposait comment la servante de l'auberge lui avait apporté une fleur qu'elle disait venir du château, et qu'en examinant la tige, il s'était aperçu que l'entaille avait été faite par quelqu'un d'extraordinaire… le vieux maître l'a coupée lui-même, et apparemment cela saute aux yeux de quelqu'un dont les yeux voient véritablement. »

 

  • L'errance d'Otsu, en poursuite de son homme dans le pays. En page 242 :

 

« Sa pensée se tourna vers Otsu. Elle avait beau appartenir maintenant au lointain passé, il se sentait étroitement lié à elle ».

 

Otsu, elle devra subir bien des épreuves afin de se débarrasser des illusions qu'elle a sur l'amour et malgré les propos du moine Takuan, elle s'accroche désespérément à son idéal de couple. Elle bascule entre deux extrêmes : son amour est-il partagé ou non? Au fil du temps et des expériences, la lucidité s'éveille en elle, et vers la fin on voit discrètement une nouvelle Otsu, mais sans réponse définitive deMusashi…

 – Livre Le FEU, quatre éléments —

 

  • Références abondantes aux lieux de plaisir et à la prostitution : la prostitution et toute allusion au lieu des plaisirs, généralement pour satisfaire les hommes sont monnaies fréquentes en l'œuvre et montre un système ou la femme est très souvent instrumentalisée pour les besoins sexuels et de détente des hommes, le tout affiché avec un descriptif visuel sobre, sans qu'apparaissent des jugements de l'écrivain.

 

  • Les machinations de la vengeance : Ici, commencent à apparaître les schémas des combines haineuses d'Otsu, une « surdouée du mauvais caractère » avec parfois des allusions à ses qualités. Son personnage de vengeresse est cadré avec finesse, cruauté et crédibilité. En page 503 ceci :

« Elle dégaina, empoigna son sabre à deux mains et visa Musashi à la poitrine. Il esquiva.

— Calmez-vous grand-mère, je vous en prie! Sur le point de charger, elle invoqua le nom de Kannon :

— Gloire à Kannon Bosatsu! Gloire à Kannon Bosatsu! Et elle attaqua de nouveau… »

 

  • Crescendo d'un duel à venir entre Kojiro et Musashi : Celui qui deviendra l'ennemi redoutable de Musashi… avec un duel bien plus loin dans l'histoire est présenté sous les traits d'un adolescent possédant un singe. Sasaki Kojiro est amenée graduellement au fil des événements et leur future confrontation est soulignée à travers cette citation, en page 513 :

 

« Le sourire de kojiro contenait à la fois un défi railleur et une pointe d'ironie. Le sourire de Musashi non seulement acceptait le défi de Kojiro, mais exprimait la volonté féroce de combattre. »

 

  • Le côté sournois des opposants et des menaces : un forgeron qui d'arrogant devient soudainement cordiale, l'intuition d'Otsu devant une Osugi trop mielleuse et l'écrivain le décrit d'une manière poétique en ce passage; p. 518 :

 

« En ce splendide matin du jour de l'An, le jardin des délices d'Otsu fut envahi de serpents. »

 

– Livre Le VENT, deux paires à ressentir —

 

  • Otsu et Musashi; toujours aux opposés, si celle-ci ne nourrit que rancunes envers Musashi, lui s'efforce de la modérer, en page 750 le contraste est flagrant :

 

« Tout en se demandant si elle viendrait jamais à bout du malentendu initial, il la traitait avec autant de tendresse qu'il eut traité sa propre mère; il tâchait patiemment de l'apaiser chaque fois qu'elle lui lançait un coup de griffe. »

 

 

  • Takuan et ses alliés : Takuan est un des rares dans les multiples scènes tumultueuses ou est présente Osugi à oser affronter cette tigresse, malgré sa langue de vipère et son insolence sans fin, il la modère un peu. Ailleurs c'est aussi Takuan qui a donné à Takezo son nouveau nom « Musashi », et qui est intervenu en sa faveur plusieurs fois en diverses occasions auprès de divers hommes influents, pour le progrès de Musashi comme homme d'épée et favorisant son évolution d'homme avec en vue pour lui, un caractère ennobli.

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 Il y a aussi la reprise du classique de Pierre Bordage «Les guerriers du Silence»; cycle 1 seulement que j’ai lu, laquelle a été remouler à la manière de P. Ogaki pour faire une série de quatre tomes. Hélas, le rythme est à mon avis trop rapide, mais comme l’œuvre de Bordage contenait plus de 1800 pages… y’a pas le choix de défilé à vitesse… grand V. Un formidable effort de synthèse a été fait, je l’accorde.

Le seul point un peu faible est qu’on a surexploité les séquences d’actions, à la mode hollywoodienne, alors qu’à mon avis, les auteurs auraient pu rehausser via les dialogues le côté résolument philosophique du roman; ce qui m’a frappé entre autres est ces deux points à :

 

  • Des dérives d’une religion totalitaire associée à un régime politique mégalomane et assoiffé tellement de contraindre les divergents; ça ressemble étrangement au style de pensée unique que les médias et gouvernements nous proposent depuis le début de la crise du Covid-19 de la depuis mars 2020…

  • Secundo, du rôle important que peut jouer une personne ordinaire, en l’occurrence Tixy Otty, héros majeur des «Guerriers du Silence1», homme à la vie morne, qui noie son ennui dans l’alcool, l’indifférence à soi-même et aux autres, se complaisant en une existence médiocre. Celui-ci devient graduellement un héros extraordinaire, pas dû à ces mérites seuls, mais surtout en s’entourant d’une équipe avec lui, et grâce à l’appui de sa partenaire de vie.

 

Bref, que vous lisiez le roman ou les BD, chaque version d’un ou des récits vous apportera de beaux moments de plaisir et de réflexion.

 

 

 

Cordialement, El Griffon