Série estivale : les Classiques oubliés (1 de 6)
Les aventures d'Arthur Gordon Pym est l'unique roman d'Edgar Allan Poe, ce récit fictif où se mêlent ambiance maritime, drames et suspense cru, écrit au XIXe siècle. C'est un roman si solide que Jules Verne en fit son livre de chevet. D'ailleurs Jules Verne composa une suite : « Le Sphinx des glaces ». Edgar. Poe, fut un des précurseurs américains du style fantastique et un homme d'un grand génie, quoique sa vie fut marquée par la souffrance et le delirium tremens. Avec « Murder in the rue Morgue », il devient le fondateur du style policier, toutefois, il fut reconnu surtout comme nouvelliste, éditorialiste et poète. Cette œuvre est considérée comme un apport majeur à l'écriture américaine et universelle. Onze citations choisies ci-bas.
Le côté réaliste de la vie en haute mer ; pages 61/77 & 171
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Le sang : « sang, — ce mot suprême, ce roi des mots, toujours si riche de mystère, de souffrance et de terreur »
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La mutinerie : « il parla aux hommes… les suppliant de ne pas l'abandonner à la dérive. Il aurait aussi bien fait de parlementer avec le vent »
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Tirer à la courte paille, qui sera mangé : « Qu'il me suffise de dire qu'après avoir, jusqu'à un certain point, apaisé dans le sang de la victime la soif enragée qui nous dévorait, et détaché d'un commun accord les mains, les pieds et la tête ».
Aspect fantastique où l'intrigue s'imbrique dans le réel; pages 70/124 & 242
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Enfermé en une cale de navire : « j'avais appris à connaître… les puissants effets soporifiques de l'odeur de la vieille huile de poisson quand elle est étroitement renfermée »
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Le revenant : « Il conserve jusqu'à un certain point une espérance, si faible qu'elle soit qu'il est la dupe d'une mystification, et que l'apparition n'est vraiment pas un visiteur venu du pays des ombres »
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Une eau pas normale : « En raison du caractère singulier de cette eau, nous refusâmes d'y goûter… elle n'était pas incolore; elle n'était pas non plus d'une couleur uniforme quelconque, et tout en coulant elle offrait à l'œil toutes les variétés possibles de la pourpre »
Sens du dramatique bien présenté : ou l'exagération est évitée et la crédibilité prenante ; pages185/259
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Souffrances : « Ce ne fut qu'après la tombée de la nuit que nous eûmes le courage de nous lever et de jeter le cadavre par-dessus bord… nous découvrîmes, à la clarté phosphorique… sept ou huit requins, dont les affreuses dents rendirent, pendant qu'ils se partageaient leur proie par lambeaux, un craquement sinistre qui aurait pu être entendu à la distance d'un mile »
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derrière l'apparente bienveillance des habitants du continent sud : « Les femmes particulièrement étaient extrêmement obligeantes en toutes choses… il nous suffit de très peu de temps pour nous convaincre que cette bienveillance apparente n'était que le résultat d'un plan profondément étudié pour amener notre destruction »
Péripéties hors du commun en le continent Sud; pages 229 & 312
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Une bête sauvage : « un ours gigantesque de l'espèce arctique, mais d'une dimension qui dépassait de beaucoup celle du plus gros animal… plusieurs coups de feu furent tirés rapidement… toutefois le monstre, sans s'en inquiéter autrement, se précipita de son bloc de glace et se mit à nager, les mâchoires ouvertes vers l'embarcation ou nous étions »
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La figure dans les cataractes :… « Voilà qu'en travers de notre route se dressa une figure humaine voilée, de proportions beaucoup plus vastes que celles d'aucun habitant de la terre. Et la couleur de la peau de la figure humaine était de la blancheur parfaite de la neige ».
Autre paire d'yeux sur ce récit : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/31856
Ce roman aboutit sur le mystère, le néant, il
aboutit sur les confins de la Terre, et l'on ne sait s'il présage un voyage sans-retour ou un éternel recommencement. Oui, le destin d'Arthur Gordon Pym, sa disparition en mer, reste pour nous
une énigme.
E. A. Poe a tenté de
faire passer ce livre pour un authentique journal de bord vécu par un Arthur Gordon Pym en chair et en os. Poe pensait faire passer Pym pour quelqu'un de désespéré qui savait que personne ne
croirait son histoire et qui le suppliait de le publier et le faire passer pour une fiction. Cette supercherie a fonctionné quelque temps, mais les critiques ne tardèrent pas à fuser et à
remettre en cause cet élément.
Les Aventures d'AGP ont été beaucoup appréciées par le public anglais
mais glacialement accueilli par les Américains qui lui reprochent son invraisemblance (Poe croit trouver une faune et une flore dans la région désertique de l'Antarctique) et sa complaisance dans
l'horreur. Par la suite, Poe en parle comme « un roman très stupide », et n'écrira plus d'autres romans.
Oui, c'est vrai c'est un roman très triste, invraisemblable, parfois incohérent mais empêchez-le, je vous en prie, de sombrer
dans l'oubli. (critique de martin 1, 25 juin
2012)
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