Nuits7ansJeongYou-jeong

Bonjour, Bonsoir à tous lectrice, lecteurs et flâneurs de tout genre,

 

Je commence ce printemps une série consacré aux auteurs Coréens et en alternant avec des BD de style documentaires & genre intrigue sociale. Voici ce que la critique a dit sur ce polar; lien vers et:

http://www.atlas-citl.org/passage-de-letranger-26-soiree-litteraire-corenne-avec-jeong-you-jeong-et-lee-seung-u/

« Surnommée la «Stephen King» de la scène littéraire coréenne, JEONG You-jeong est l’une des rares auteures de polars en Corée du Sud. Ses romans, jugés originaux et uniques en leur genre par la critique, s’inspirent des codes cinématographiques du thriller : intrigues très bien construites, narration tout en suspense qui tient le lecteur en haleine, jusqu’à la scène finale explosive ou surprenante. Son premier roman publié en France en 2016, Les Nuits de 7 ans, est un best seller en Corée et fait actuellement l’objet d’une adaptation au cinéma, comme plusieurs de ses précédents romans. «

 

Les personnages principaux du POLAR sont:

  • le Fils; Seo-weon dont le père est Hyeon-su

  • Suspect 1:Hyeon-su; dont la passion première est le baseball, mais est affligé d'un mal physique l'ayant empêché de faire une carrière professionnel en ce sport. Il est alcoolique.

  • Suspect 2: Seung-hwan; travailleur au barrage de Seryeong; exerce l'activité de plongeur et est devenu le protecteur du fils

  • Suspect 3: Oh Yeong-je, homme éduqué, médecin mais un homme contrôlant, rude envers sa femme et sa fille, en bref une brute.

  • La fillette assassinée: Se-ryeong, elle a onze ans lorsqu'elle perd la vie.

 

  1. Le thème de la mer/ eau est omniprésent dans l'histoire: Réf: p. 28 puis 481; soit:

  • « La mer donne la liberté. Quand je reste accroupi dans l'obscurité sous-marine, tous les soubresauts du monde s'évanouissent. J'aime être hors d'atteinte.» et puis:

« S'il a utilisé du marbre, c'est parce qu'il voulait que le cercueil s'enfonce dans l'eau! Comme il ne pouvait pas incinérer Seo-weon avec son père, il a décidé de l'inhumer dans les profondeurs marines!»

 

Ces deux passages marquent deux espaces très divergents que deux personnages ont avec l'eau. Un sens aigus de liberté, de réconfort ou le Fils( le récit se déroule entre sa onzième et dix-huitième année),y recherche une consolation (en des mots quasi-poétiques) au milieu des embûches que ces collègues de classe et les autres s'acharnent contre lui...Seo-weon est malheureux et n'a le support que de peu de gens. Par ailleurs, l'esprit du meurtrier va envisager la mer comme un moyen pour envelopper un autre de sa haine, une façon mesquine ou la vengeance ( vous devez lire pour le savoir) se combine à expédier sa victime vers l'oubli à tout jamais. Les allusions à la mer avec ses: vagues, ses brises, ses tempêtes et ses sautes d'humeur) donne une couleur très mouvementée à ce thriller bien construit. De même que celle-ci à un côté beau et imprévisible, suivant en parallèle «ces mouvances humaines» ou la réalité oscille entre le très laid et la noblesse, entre les salauds et les héros du beau...

  1. Le côté ambivalent des autorités judiciaires est bien mis en lumière dans certains passages du récit: Réf: p. 40 & 479; soit:

  • «Les fonctionnaires devaient recevoir des directives venant de plus haut avec pour mot d'ordre: nous épingler par tous les moyens. Ou alors, ils faisaient définitivement preuve de beaucoup de zèle.»

  • «Dans ce face-à-face, une étrange sensation m'a envahi. Aucun des deux hommes ne ressemblait à l'expert de tout à l'heure. Ma mémoire m'a murmuré avec une voix peu convaincante qu'ils ressemblaient plutôt aux inspecteurs, le vétéran et le bleu. Seung-hwan leur a lancé d'une voix épuisée.

- Eh ben, vous n'arrivez pas trop tôt, vous.»

Ici, j'ai voulu démontrer le manque d'objectivité des forces judiciaires, quoique sans eux, le monde serait pire...fort probablement dans la plupart des cas. L'auteure est réaliste et il me semble a su se tenir loin des opinions trop cynique ou trop idéaliste que beaucoup affichent sur les corps judiciaires: police, avocat, juge, etcétéra.

 

  1. Les difficultés du fils, Seo-weon, car son père Hyeon-su( étant formellement accusé d'être le tueur)sont pénible et varie entre une discrimination subtile et un rejet sournois , mais sauvage de la part des étudiants/ famille...: Réf: p. 19/ 25 & 28

  • «Ma tante craignait que ses voisins apprennent mon existence. Mes cousines ne voulaient pas partager le bain avec moi. Les rares fois où l'on se croisait dans l'appartement, elles se mettaient à hurler. Et chaque fois, je restais figé.

« Le Sunday magazine a dévasté ma vie comme une nuée de parasites. J'ai pu vérifier la gravité de l'invasion dès le lundi matin, en entrant dans notre salle de classe...Derrière, des dizaines de paires de globes oculaires fixaient ma nuque. Quelqu'un s'est alors mis à lire l'article.

-Qu'on m'exécute.»

Il y a des choses auxquelles on ne peut jamais s'habituer. Exclusions, provocations ignorées, volées de coups endurées sans résistance, traversée d'une foule silencieuse...»

Ce type de persécution, laquelle est orchestré à distance à un effet dévastateur sur l'équilibre mental de n'importe quel jeune homme, par contre, ça contribue à créer un va-et-vient captivant chez le lecteur.

 

4. Moments ou l'angoisse & diverses situations se démarquent dans le récit, nous entraînent d'une surprise à l'autre, d'une interrogation à l'autre: Réf: p. 18/ 103/ 465

Paroles du fils :

  • «Les chats semblent capables de pressentir la foudre grâce aux stimulations électriques que perçoivent leur cerveau. Celui des humains est doté d'un récepteur semblable: l'angoisse. Elle se met en route comme une horloge dès qu'elle perçoit le signe avant-coureur d'une catastrophe...»

 

Parole du suspect 3 ,dès qu'il apprit le verdict de divorce de sa femme de son beau-père :

  • «- Le verdict des juges m'indiffère. Ha-yeong saura ce que je veux dire. Aller jusqu'en enfer pour la ramener...personne ne pouvait toucher Ha-yeong. Elle était à lui. Elle devrait revenir à la place qu'il lui avait attribuée et être punie de la manière qu'il avait fixée.»

 

Paroles du fils:

  • « Tel était mon plan: sauter à l'élastique, en arrière, depuis le balcon. Mais le vent était en train de gâcher mon ambitieux projet de suicide...à cet instant précis, juste avant que le vent m'emporte, une main a surgi au-dessus de mon épaule pour l'empoigner avec force et résolution. C'était un homme puissant.»

 

Ces citations exemplifient l’habileté narrative de l'écrivaine, sa capacité à jouer sur les cordes de nos sensibilités. Je le dis de façon imagée, elle sait: «nous faire surfer sur le fil conducteur invisible des combines astucieuses du meurtrier»; Oui, un homme intelligent, plein de talents et de ressources pour exécuter sa volonté, mais dépourvue de l'essentiel!

Lisez-le et découvrez!

 

 

Toute référence vient du Polar sauf si indiquée; Les nuits de sept ans par JEONG You-jeong, éditeurs Decrescezo; intitulée Ref:

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 Il y a aussi la reprise du classique de Pierre Bordage «Les guerriers du Silence»; cycle 1 seulement que j’ai lu, laquelle a été remouler à la manière de P. Ogaki pour faire une série de quatre tomes. Hélas, le rythme est à mon avis trop rapide, mais comme l’œuvre de Bordage contenait plus de 1800 pages… y’a pas le choix de défilé à vitesse… grand V. Un formidable effort de synthèse a été fait, je l’accorde.

Le seul point un peu faible est qu’on a surexploité les séquences d’actions, à la mode hollywoodienne, alors qu’à mon avis, les auteurs auraient pu rehausser via les dialogues le côté résolument philosophique du roman; ce qui m’a frappé entre autres est ces deux points à :

 

  • Des dérives d’une religion totalitaire associée à un régime politique mégalomane et assoiffé tellement de contraindre les divergents; ça ressemble étrangement au style de pensée unique que les médias et gouvernements nous proposent depuis le début de la crise du Covid-19 de la depuis mars 2020…

  • Secundo, du rôle important que peut jouer une personne ordinaire, en l’occurrence Tixy Otty, héros majeur des «Guerriers du Silence1», homme à la vie morne, qui noie son ennui dans l’alcool, l’indifférence à soi-même et aux autres, se complaisant en une existence médiocre. Celui-ci devient graduellement un héros extraordinaire, pas dû à ces mérites seuls, mais surtout en s’entourant d’une équipe avec lui, et grâce à l’appui de sa partenaire de vie.

 

Bref, que vous lisiez le roman ou les BD, chaque version d’un ou des récits vous apportera de beaux moments de plaisir et de réflexion.

 

 

 

Cordialement, El Griffon