Ce roman est un thriller d'espionnage mettant en contraste les régimes nord-coréens et sud-coréens, l'histoire se déroule en 24 heures, avec grosso modo, un chapitre par heure. Ça donne un rythme rapide et des revirements poignants. Toute citation est tirée de l'oeuvre ou signalée autrement.
Je ne toucherais ce texte que via cinq points et avec les trois personnages majeurs :
-
Kim Kiyeong, espion dormant qui se sent oublié du bureau 130( Corée du Nord) et qui a refait sa vie, moulée dans le style sud-coréen capitaliste
-
sa femme; Mari une vrai sud-coréenne et leur fille qui se nomme:
-
Hyeon-mi, adolescente en recherche de repère
-
Un matin au bureau, Kim lit un haïku1 puis sa vie bascule???
« Au fond de la jarre
sous la lune d'été
une pieuvre rêve»
( Matsuo Bashô, Anthologie du poème court japonais, trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu, Poésies Gallimard, page 75)
«Kiyeong ravale sa salive..il boit d'un trait son café qui est en train de refroidir à côté de la souris. Si sa mémoire est bonne, ce haiku doit être le message codé signifiant l'ordre no. 4. Ces vers écrit par un ermite errant...semblent dépouillés de toute subtilité et ne contiennent plus qu'un message aride:
Abandonne tout et rentre immédiatement.» page 35-36
L'histoire prend alors sa lancée et Kim est déchiré entre l'appel du devoir, c'est à dire retourné en sa patrie et son désir de rester Sud-coréen, il s'est complétement moulé à la façon de vivre du Sud...
-
Kim kieyong, alors en effervescence, car tout en lui s'entrechoque: doutes/ perceptions/ croyances et surtout, surtout ses idées préconcues:
Il se met à inspirer profondément et à analyser tout son ressenti, en ce monde capitaliste ou il baigne depuis tant d'années, versus les valeurs chères de sa Corée du Nord, j'ai capturé cet instant où il est dans le métro de Séoul:
« Les portes se referment enfin avec un grand bruit. Fiche le camp! Semble t-elles dire. Il lui semble que tous les passagers du wagon observent les eaux troubles qui s'agitent en lui...ils le regardent debout sur le quai, l'air emprunté. Ils ont l'air de lui dire: Quel imbécile! Commence donc par te comporter en espion digne de ce nom...retourne dans ton pays plein d'inscription à la peinture rouge, dans ton pays ou les enfants forment les plus beaux panneaux géants du monde malgré leurs mains gelées qu'ils arrivent à peine à réchauffer en soufflant dessus, dans ta patrie où l'on montre du doigt les femmes en jeans.» page 92
1Haiku; poème de tradition Japonaise
-
La famille de Kieyong est secouée; le plus long 24 heures du trio:
L'attitude étrange de Kim a poussé Mari, sa femme a tenté une aventure avec un amant( page 86), et leur fille, ce jour-là...sent quelque chose par rapport à sa famille: «un sentiment d'angoisse, d'urgence s'empare d'elle, comme dans un cauchemar...apercevant au loin la résidence ou elles habitent.» p.263
Et sa femme d'insister:
-Tu ne veux pas partir, c'est ça?Tu es trop habitué à la vie d'ici. Ça fait quand même vingt ans! Mais si tu retournes pas la-bas, il va falloir que tu te rendes à la police?
-J'en ai peur.» page 345
-
Je vous parle un peu des qualitées requises pour être un espion efficace, au cas on l'un de vous recherche un revenu d'appoint. Ah! Ah!Ah!
On l'a bien entraîné à Pyongyang, au Nord. Pour devenir un espion espion efficace; il faut:
«Les espions chevronnés ne se laissent pas détecter facilement...Même leurs voisins de longue date ne se souviendraient pas de leurs visages si des inspecteurs de police venaient à les interroger. Efforce-toi à passer inaperçu et tu attiendras l'état de grâce de l'agent parfait. Tu peux être vu, mais tâche de ne pas faire impression. Renonce à avoir du charme et sache être fade. Page 81-82
Des candidats??? moi non merci!
-
Le bilan final sur sa vie émotionnelle, laquelle a été une montagne russe en ce turbulent 24H:
-
une crise d'identité, incapacité de faire pour soi-même un compte-rendu, a quoi a servit ma vie? :
«A quoi se résument les quarante-deux années de ma vie? S'interrogent Kiyeong.» page 321
-
La perception de sa vie jusqu'à maintenant, alors qu'il compare le style du Sud et celui du Nord le rend très perplexe, sa femme lui pose résolument le défi:
-Si tu n'y retournes pas, qu'est ce que tu risques? Demande-t-elle calmement.
-Ils m'accuseront de trahison.» page 341
-
Lui qui se targuait de vouloir changer le monde, se voit lui-même étranger de l'homme qu'il fut :
« Il pensait aussi- mais ça ne dura pas longtemps- qu'on pouvait transformer les hommes et changer le monde...Kiyeong se rend compte avec étonnement à quel point, il s'est éloigné de ses anciennes convictions. Page 375
Écrire commentaire